lundi 27 août 2012

Arab Jazz, Karim MISKÉ, Viviane Hamy, 2012, 300 p.


           Polar français

Dans Paris, le 19ème, à la population très cosmopolite où tout semble se dérouler normalement, une jeune hôtesse de l’air est découverte morte affreusement mutilée sur son balcon. Ahmed, son voisin du dessous, craint d’être le suspect n°1 puisqu’il a les clés de l’appartement de sa voisine. Les lieutenants Rachel Kupferstein, la juive flamboyante, et Jean Hamerlot le Breton, un duo très complice, seront chargés de l’affaire… ! Une intrique extrêmement bien tissée, un style agréable dans une langue épurée et recherchée, des personnages bien typés : musulmans salafistes, juifs hassidiques, témoins de Yéhova, flics ripous/x… font de ce « Arab Jazz » un 1er roman très réussi, loin des polars industriels anglo-américains et des auteurs nordiques. Une très agréable découverte qui demande une suite

vendredi 24 août 2012

La formule de Dieu, José Rodrigues DOS SANTOS, HC Hervé Chopin, 2012, 575 p.


               Roman scientifico-philosophique

Thomas Noronha, historien cryptologue portugais, rencontre au Caire une jolie scientifique iranienne qui le convainc de décoder un manuscrit d’Einstein « Die Gottesformel », la « Formule de Dieu », mais la CIA va y ajouter son grain de sel. L’intrigue est très mince et n’occupe finalement qu’un quart du roman. Le reste est prétexte à des leçons d’astrologie, de thermodynamique, de physique quantique, de métaphysique et de philosophies orientales. Il faut reconnaître que l’auteur est un excellent vulgarisateur pour expliquer les systèmes, les lois, les théories, les principes, les croyances… qui régissent la création (Big-Bang), l’organisation, l’expansion et le destin de l’univers. « Dieu existe-t-il vraiment ? et si oui, comment le prouver scientifiquement ? Tel est le défi d’Einstein. Malgré les très longs dialogues scientifiques et métaphysiques et une intrigue très mince, on s’accroche au roman et on s’interroge, comme les différents personnages, sur le rôle de l’homme dans l’univers, le déterminisme, le fatalisme, le hasard et la nécessité. Sans être, comme annoncé en 4ème de couverture, une enquête à couper le souffle, c’est un roman très intéressant qui tente de remettre certaines choses en place. A conseiller vivement aux lecteurs à l’esprit scientifique ! En tout cas, moi le littéraire, il m’a fait réfléchir !

mardi 21 août 2012

La femme au masque de chair, Donna LEON, Calmann-Lévy, 2012, 287 p.


            Polar vénitien

Donna Leon reste Donna Leon et on n’est pas déçu par cette énième enquête de son commissaire Brunetti. On retrouve évidemment avec plaisir tous les personnages principaux des enquêtes précédentes et tous les côtés positifs et négatifs de la Sérénissime. A travers son quotidien de commissaire, notre cher Guido va devoir enquêter sur un trafic de déchets toxiques organisé par la mafia avec l’aide de certains financiers vénitiens et mouiller sa chemise dans des expéditions aux odeurs quelque peu sulfureuses. Un entracte agréable dans mes lectures.

PS : J’ai découvert également l’existence de « Brunetti passe à table » de Donna Leon et de Roberta Pianaro, aux Editions Points, pour voyager dans les saveurs de la cuisine italienne et vénitienne : plus de cent recettes, nous annonce-t-on !

La tristesse du Samouraï, Victor DEL ÁRBOL, Actes Sud, 2012, 350 p.


                Thriller psychologique

« D’une certaine façon, les enfants paient pour les crimes commis par leurs parents. » et « Nous éprouvons parfois le besoin de réparer le mal que d’autres ont commis et de nous débarrasser d’un poids que nous supportons injustement » tel est en quelque sorte le message qu’on peut retenir de ce roman à l’intrigue complexe : une espèce de saga familiale qui se déroule dans l’Espagne du Front populaire de 1941 à celle de la tentative de coup d’état de 1981. Les va-et-vient dans le passé et le présent de trois familles et de personnages satellites rendent, certes, la lecture difficile parce que ce n’est que progressivement que l’on comprend comment tous ces destins s’imbriquent… mais la complexité du récit n’enlève rien au plaisir de lire et l’exacerbe plutôt. Original et efficace !

dimanche 12 août 2012

Avant la fin, Liz JENSEN, Policiers Seuil, 2012, 400 p.


                      Roman catastrophe

Suffocant de bout en bout ! Imaginez Bethany, une ado psychotique matricide internée dans un centre psychiatrique pour ados violents et qui « aurait » le don de prévoir les catastrophes naturelles mais que personne ne veut écouter ; une psychothérapeute paralysée, en chaise roulante, encore traumatisée par son accident de voiture, chargée de s’occuper de l’ado en question ; un physicien qui accepte de croire aux prophéties catastrophiques de l’ado névrosée, des sectes millénaristes… et ça donne un roman paracatastrophologique, eschatologique, apocalyptique ! Cette intrigue solide, savamment échafaudée, mêle sentiments, émotions, sciences et questions sur l’avenir de la planète sans tomber dans un sabir ni écologique, ni scientifique, ni psychanalytique… juste ce qu’il faut ! Tout simplement passionnant. A quand le prochain Liz Jensen ?


mercredi 8 août 2012

L’évadé de Wan Chai, Ian HAMILTON, 10/18, 2012, 391 p.


       Polar financier

Tout démarre à Toronto. Ava Lee, 30 ans, sino-canadienne, est experte en fraudes financières. Elle est commanditée par « l’oncle » chinois pour recouvrer des sommes « perdues » par des financiers ou de gros entrepreneurs un peu trop naïfs. Tous les moyens sont bons pour Ava Lee d’arriver à ses fins : charme, intimidation, chantage, techniques informatiques, boxe thaïlandaise, drogue… De Toronto, on part pour Hong-Kong, Bangkok, le Guyana, les Iles Vierges… Ava Lee est un nouveau personnage du polar actuel et semble être l’égérie de son auteur. (J’ai cru comprendre qu’il s’agit du premier épisode, traduit en français, d’une série qui en comprendrait quatre pour le moment.) L’art d’Hamilton est de nous plonger dans les magouilles financières sans noyer le lecteur dans les arcanes du monde de la finance. Ava Lee est un personnage sympathique et attachant et on attend la suite avec impatience. Mais qui est « l’évadé de Wan Chai » ? l’oncle chinois qui a quitté la Chine à la nage ? Intrigue originale (sans tomber encore une fois dans les Triades !) et une Ava Lee dont on connaît à présent les moindres goûts vestimentaires et culinaires et qui ne connaît par contre aucun problème financier. Découverte et lecture très agréables !

lundi 6 août 2012

La fille de l’hiver, Eowin IVEY, Fleuve noir, 2012, 429 p.


                     
 D’un abord froid sur fond de neige et de glace, on se retrouve progressivement envoûté par la nature sauvage des paysages et des personnages. Il y a Mabel et Jack, la cinquantaine, couple en mal d’enfant qui a choisi de refaire sa vie en Alaska. D’un bonhomme de neige naît une fille de l’hiver, une princesse des neiges. Le récit est fait de peines, d’attentes, d’émotions, de sentiments, de courage, de détermination, de solidarité et d’espoir. L’auteure, en revisitant le conte russe de « Snegourotchka », nous entraîne tantôt dans le merveilleux et tantôt dans la dure réalité des choses de la vie. Il est de ces livres que l’on est heureux d’avoir lu. « Il prit la main de Mabel dans la sienne et, quand elle se tourna vers lui, il lut dans son regard le bonheur et le chagrin de toute une vie. »
Attendrissant !

dimanche 5 août 2012

Le Monastère oublié, Steve BERRY, le Cherche Midi, 2012, 583 p.




                             

Une nouvelle aventure de Cotton Malone, le héros cher à Berry, où on retrouve également Cassiopée Vitt, Viktor Tomas, Stéphanie Nelle et comparses… Le scénario est « couru » d’avance et la recette est tellement usée qu’elle finit pas lasser. Les chinoiseries de ce roman ne sont pas parvenues à faire bouillir l’eau de mon thé. A lire quand on est très fatigué ! (Indiana Jones revisité !)

mercredi 1 août 2012

Le pacte, Lars KEPLER, Actes Sud, Actes noirs, 2011, 506 p.




            Polar-thriller suédois

Sous le pseudo de Kepler se cache un couple d’écrivains suédois : Alexandra et Alexander Abnoril. Et comme il y en a plus dans deux têtes que dans une, ils nous offrent un polar intense au rythme soutenu, à la tension permanente, au suspens haletant. Impossible de mettre sur « pause » parce qu’il n’y en a pas. L’intrigue, difficile à présenter tant les actions s’enchaînent, est extrêmement ciselée, finement amenée dans une cadence effrénée : corruption, marchands d’armes, génocide du Darfour, hauts fonctionnaires véreux, tueur à gage, faiblesses humaines… sur un fond musical classique. On a envie de réécouter « Tzigane » de Ravel et les œuvres de Paganini interprétées sur des Stradivarius et des Amati. Un vrai régal ! Un nectar de polar !