jeudi 27 février 2014

L’an prochain à Grenade, Gérard de CORTANZE, Albin Michel, 2013, 419 p.



           
1066, Andalousie, massacre de 5000 Juifs. Gâlâh, jeune fille juive, et Halim, poète musulman, échappent à la tuerie. L’auteur fait traverser 10 siècles à Gâlâh, son personnage principal. Elle deviendra ainsi la mémoire du peuple juif, l’éternel bouc émissaire : espèce de Juif errant sans jamais trouver la paix. C’est un roman tout à la fois historique, politique, épique, belliqueux, religieux, littéraire : une sorte de conte philosophique qui interroge sur l’antisémitisme, l’intolérance et la haine. Intéressant mais pas toujours facile à suivre !

Théorie de la carte postale, Sébastien LAPAQUE, Actes Sud, 2013, 100 p.



 
Carte postale : « Imprimé sur un support semi-rigide destiné à un usage postal, pour une correspondance à découvert. » A l’heure des SMS, des courriels, et des réseaux sociaux, force est de constater que la carte qu’elle soit de vœux, d’anniversaire, de remerciements, de condoléances, d’amitié, de bonne retraite, de convalescence ou d’autres circonstances comme la carte-vue de vacances… existent toujours. « Il lui était alors apparu comme une évidence qu’écrire des cartes postales était un acte de résistance. » Trouver et acheter une carte, prendre la plume pour l’écrire manuellement, avoir l’adresse sous la main ainsi qu’un timbre, trouver une boîte aux lettres… quel courage pour faire passer un court message personnel. Non pas un éloge de la carte postale mais une simple rêverie à cœur ouvert pleine de poésie, de nostalgie, de réminiscences et de réflexions pour une espèce de « civilisation » de ladite carte. Agréable récréation !

lundi 24 février 2014

L’analphabète qui savait compter, Jonas JONASSON, Presses de la Cité, 2013, 475 p.



           
Humour déjanté, comédie burlesque, facéties surprenantes et élucubrations abracadabrantes, situations surréalistes : une lecture délassante mais qui peut lasser pas ses retournements de situations répétitifs et sa longueur. Plaisir mitigé malgré le regard et les réflexions détachées mais senties sur la société et les cultures!

jeudi 20 février 2014

Vent de sang, Nele NEUHAUS, Actes Sud/Noirs, 2013, 446 p.



           
« Les puissants de ce monde ont trouvé un nouvel ennemi formidable qui menace toute l’humanité et qui ne s’appelle plus l’Union soviétique ou les armes atomiques mais dioxyde de carbone » et le roman nous plonge dans le monde des climatologues et des climato-sceptiques au sujet du réchauffement terrestre. Le débat se pose ici entre les intérêts financiers de la société WindPro et l’association des riverains au sujet de l’implantation d’un parc d’éoliennes sur le Taunus. Le hic, c’est une prairie que le propriétaire ne veut pas vendre malgré la somme de 3 millions d’euros. Le combat est âpre entre les deux factions et en plus, il y a mort d’hommes. Pia Kirchhoff rencontrera bien des difficultés pour résoudre l’affaire, surtout que son chef von Bodestein ne lui sera d’aucune aide, pris de passion pour une scientifique… Ah ! quand cœur et logique s’opposent ! Aux magouilles, corruptions, intimidations, chantages, tromperies, mensonges, manipulations de données trafiquées… s’ajoutent les intérêts mercantiles d’individus sans scrupules. Nele Neuhaus fait fort en nous proposant cette intrigue à la fois originale et remarquablement maitrisée ! Du très bon polar !

lundi 10 février 2014

Ainsi résonne l’écho infini des montagnes, Khaled HOSSEINI, Belfond, 2013, 485 p.



      
C’est un roman qui touche, qui émeut par la poésie, l’émotion, l’humanité et la profondeur qui s’en dégagent. Malgré sa structure complexe, ce sont des destins qui se séparent, qui se retrouvent, qui se croisent ; des leçons de vie à travers des personnages tantôt attachants et tantôt distants mais jamais quelconques. C’est l’Afghanistan de 1950 à nos jours, sans jugement, sans politique, juste une esquisse des mœurs ; c’est le Paris des années 70, la Californie des années 2000, une île grecque… sans dépaysement. C’est presque un conte philosophique dans lequel on a le bonheur de plonger à cœur perdu !

Citation !
« Quand j’étais petite, mon père et moi observions le même rituel tous les soirs. Je disais mes vingt  bismillah , et il me bordait dans mon lit, puis il s’asseyait à mon chevet et arrachait les mauvais rêves de ma tête avec son pouce et son index. Ses doigts sautillaient de mon front à mes tempes en fouinant patiemment derrière mes oreilles, sur ma nuque, jusqu’à ce qu’il émette un petit pop semblable au bruit d’une bouteille qu’on débouche chaque fois qu’il délogeait un cauchemar de mon cerveau. Il fourrait celui-ci avec les autres dans un sac invisible sur ses genoux qu’il refermait en tirant fort sur le cordon. Après quoi, il ratissait l’air en quête de beaux rêves pour remplacer ceux qu’il avait attrapés. Je le regardais incliner légèrement la tête et froncer les sourcils, ses yeux allant d’un côté à l’autre, comme s’il s’efforçait d’entendre une musique lointaine. Je retenais mon souffle en attendant le moment où un sourire éclairerait son visage, où il chanterait, Ah, en voilà un, et où il mettrait ses mains en coupe pour laisser le rêve atterrir à l’intérieur, tel un pétale qui serait tombé lentement d’un arbre en tourbillonnant . Et doucement, très doucement – mon père disait que toutes bonnes choses dans la vie étaient fragiles et vite perdues -, il frottait ses paumes contre mon front pour faire entrer le bonheur dans ma tête. »