dimanche 28 août 2016

14 juillet, Eric VUILLARD, Actes Sud, 2016, 200 p.



« Il faut écrire ce qu’on ignore. Au fond, le 14 juillet, on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C’est depuis la foule sans nom qu’il faut envisager les choses. Et l’on doit raconter ce qui n’est pas écrit. Il faut le supputer du monde, de ce qu’on sait de la taverne ou du trimard, du fond des poches et du patois des choses, liards froissés, croûtons de pain. On aperçoit le très grand nombre muet, masse aphasique. » Et le peuple affamé, spolié, exploité conflue à la Bastille. Le style est concis, haché, saupoudré de litanies de noms, de sobriquets, de pays, de petits métiers oubliés… et toujours le terme propre, le mot précis, la phrase ciselée et sculptée à la fine gouge. Un constat plutôt qu’une prise de position d’un observateur extérieur. On savoure, on sirote ! Merci l’ami de me l’avoir mis entre les mains car c’eût été un crime de passer à côté.

Notre-Dame de la nuit, Jean MARKALE, Presses de la Cité, 1998, 636 p.



Je suis tombé par hasard sur ce livre dans ma « boîte à livres » et le nom de Markale m’a tout de suite interpellé. En effet, à l’époque où j’étais encore prof d’histoire, j’avais potassé « Les Celtes et la civilisation celtique », « La femme celte », et « Aliénor d’Aquitaine » parus dans la collection « Regard sur l’histoire » aux Editions Payot. « Notre-Dame de la nuit » est loin d’être un document scientifique puisqu’il s’agit bêtement d’un roman. Erwan Merzhinn rentre chez lui un soir et constate que sa femme, Anne, a emporté ses affaires et l’a quitté. Il erre dans la nuit et commence alors pour lui un long voyage initiatique où il rencontrera la très étrange Moïra… Une trop longue 1ère partie, une seconde plus « dynamique » et un épilogue inutile. Roman un peu fantastique, fantasy, sulfureux, libidineux… qui reprend le thème de la déesse-mère. Au final : déception !

Dictator, Robert HARRIS, Plon, 2016, 397 p.



Avec ce roman, j’ai replongé dans ma formation classique latin-Grec et c’est avec bonheur que j’ai retrouvé Cicéron, cet homme d’Etat romain du 1er s. av. J.C., célèbre par ses dons d’orateur. « Dictator » est le récit des quinze dernières années de sa vie rédigé comme une biographie qu’aurait écrite Tiron son secrétaire esclave et ami. A travers les tumultes de l’histoire romaine : César, Pompée, Antoine … on revit les prises de positions de Cicéron dont les discours lui créent amis et ennemis, exils et honneurs. Si Cicéron est un formidable orateur, Tiron ou plutôt Robert Harris est un passionnant conteur qui « raconte » l’Histoire et c’est avec beaucoup d’intérêt et de plaisir qu’on s’immerge dans ces « intrigues » politiques dont on connaît pourtant les « chutes » et le dénouement. Captivant !